Deuxième semaine.
Arrivée d'Arta.
De nouveaux visages et de nouvelles expériences. Nous sommes le 1er septembre, et c'est le début officiel de mon SVE. C'est aussi le jour d'arrivée de ma nouvelle colocataire. Direction l'aéroport de Krakow pour récupérer la dite jeune fille. Après une heure de voiture nous arrivons près d'un petit aéroport. Vraiment petit. Nous nous trompons de terminal. Terreur : elle doit attendre seule, dans un pays inconnu. Finalement nous la retrouvons. Elle est là avec ces longs cheveux et trois couches de vétements ( la valise était déjà trop lourde). Premier contact : Elle parle, elle parle, elle parle... Magada la brief rapidement. Et, se tournant vers moi, ma nouvelle amie me pose la question fatale: Comment est l'appartement ?
Il faut que je vous explique que mon appartement est la chose la plus laide que je n'ai jamais vu. Pour sure, cette endroit est propre, et claire. Mais qu'est-ce que c'est moche... Soviet Kitsch. Trentes armoires dans trente mettres, ce n'est pas loyale. Trentes chaises aussi. Et je n'exagère qu'à peine. Le papier peint est argent, avec des petites fleurs, ou rouge, en mousse avec des dessins. Des photos de Jan Pawel (Jean Paul II), des crucifix, et un double portrait de Jésus et de sa mère. Il faut vraiment le voir pour le croire. Et le pire dans tout ça, c'est que les gens du PFEE qui ont choisit cet appartement sont persuadés que c'est un super appartement. Pour eux, aucun problème. Première confrontation culturelle. Le soviet kitch est normal en Pologne, il ne l'est pas pour moi.
Ce qui me rassure c'est que quand Arta voit l'appartement, elle est immédiatement d'accord avec. Son jugement est irrémédiable : absolument immonde. Nous sommes toutes les deux d'accord qu'il est impossible de vivre 9 mois dans cet endroit qui pue la morte ( et pour cause, les précédants propriétaires sont morts et leur enfants nous ont laissés toutes leurs affaires).
Le lendemain, nous nous rendons à Kronika. Arta découvre la galerie, Agata et toute la petite smala. Mais les enfants ne sont pas là. Ils ont un break d'un mois. Le temps que nous préparions les cours d'anglais et les ateliers d'art. En gros, on en a de pain sur la planche... Mais pour le moment ce n'est que le début. Nous avons donc un mois pour être prête.
Erasmus et Zubroska.
Nous apprenons mardi que nos cours de polonais commencent le vendredi suivant. 4heures de polonais chaque jours, avec les erasmus de l'université de Katowice (première réaction: chouette, des petits espagnols!). Le vendredi suivant nous commencons donc nos cours. Première deception. Ce que nous faisons est très basique. Nous utilisons le même livre que j'ai étudié en France. Ce qui fait que je suis plus avancée que toutes les autres personnes de mon groupe. D'ailleurs, je ne sais pour qu'elle raison, on m'a mis dans le groupe des lents. Arta elle est dans le groupe avancé. Peu importe. L'avantage c'est qu'il y a effectivement de petits espagnols dans ma classe. Mais il est difficil de rentrer en communiquation avec eux. D'abord parce qu'ils restent en groupes de nationalités (italiens avec italiens, etc...), et ensuite parce que tout les erasmus vivent dans la même résidence. Ils se connaissent tous déjà. Arta et moi sommes les pièces rajoutées, les volontaires perdues au milieu des Erasmus. Peu importe, nous allons faire des efforts pour nous intégrer. Dans mon groupe il y a deux française, bien trop française à mon gout, si vous voyiez ce que je veux dire... Dans l'autre groupe il y a un français et une autre française. Cela fait tout de même du bien de pouvoir parle français avec eux. C'est vrai, après tout, l'anglais à ses limites. D'abord parce que l'humour français traduit ne passe pas, et ensuite parce qu'il n'y a pas d'équivalence en anglais pour "cheum à la race", "sa déchire sa mère", "ouffissime", etc... Et ça, ça me manque.
En parlant de manque, il faut aussi que je vous avoue que je me sens de plus en plus seule. Arta étant arrivée, je passe au second plan. Elle est comme un nouveau jouet ( Toy story's effect : je suis Woody, elle est buz l'éclair ). Alors, je n'ai plus trop l'occasion de me montrer sous mon meilleur jour. C'est entre autre mon problème : j'essaye de paraître attractive pour ne pas rester toute seule dans mon coin. Et n'y arrivant pas, je me sens un peu déprimée. Le vendredi soir, je craque complétement. A deux doigts de pleurer je me retrouve à expliquer à Asia mon trouble. Les expressions de mes petits loups me manque. J'ai envie d'entendre le "Comment ça se passe" de Marine, le "C'est un peu ton ami" d'Alexandre, le "Motherfucker" d'Alice et qu'on m'appelle "Gerdr". Mais les temps ont changés, et il faut que je m'y habitue.
Le samedi et dimanche, un petit road trip dans la montagne est prévu avec Agata, Martina, Ola, Ariel, Magda et Zbesiek. Direction la frontière Czek, pour deux jours coupés du monde. Après une heure de marche avec nourriture, vétements et alcool ( le sol de la voiture d'Ariel est couvert de canettes de bières. Et oui, les trentenaires polonais sont portés sur la boisson) sur le dos nous arrivons dans une petite maison en bois au milieu de nul part. Elle s'appelle Adamwy (Aurais-je trouvé Adam?) Là nous retrouvons Bartek qui s'occupe de la maison. Nous nous installons dans une chambre commune. Le sol est en bois couvert de pailliasse en mousse. C'est très convivial et marrant. Par contre il n'y a pas de toilette. Enfin, si il y en a. C'est en fait un trou, sorte de toilette sèche en plus rustique et avec plus d'odeur. Le soir nous faisons un gros feu pour y faire griller des saucisses piquées sur des batons taillés. La bière commence à couler à flot. Puis viens l'heure de la fameuse Zubrovska (vous savez, la wodka avec une herbe à bison dedans...). Et le moins qu'on puisse dire c'est que ça déchire...
Le réveil est plus que dur. Mais après un gargantuesque petit-déj à la polonaise nous partons pour 3heures de marche dans la montagne. Malgrè ma gueule de bois j'appécie le paysage. On se croirait à Forks (Twilight représente). Il y a un léger brouillard, il chuinte et fait très froid pour un début de septembre. Nous passons l'après-midi à manger des prunes sauvages, des mirtilles et des mures. Le tout dans une bonne ambiance générale.
Puis retour à Katowice vers 21h le dimanche soir. Il faut se coucher tôt car demain, enfait aujourd'hui, nous avons cours de polonais à 9h30.
Demain, mardi, nous nous rendons à Kronika avec Arta pour travailler sur les cours et le calendrier. Les choses sérieuses commencent. Le rythme va être dur à tenir : 4h de polonais le matin et 4h de travail l'après-midi. Il faut aussi s'économiser pour les soirées à venir. Bah oui, tout de même, être avec des erasmus et rester chez soi ce n'est pas pensable...
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